Fin de l'opération Compass 1 au 9 février 1941

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Face à l'écroulement de la 10a armata, le général Graziani évacue la Cyrénaïque à partir du 31 janvier. La 6th Australian division  talonne les Italiens sur la via Balbo, gênés par les civils qui commencent l'évacuation de Bengasi. O'Connor décide de couper la retraite et d'enfermer les Italiens dans une immense nasse au niveau de Solluch. C'est la 7th armoured division qui est chargée de contourner les plateaux du Djebel el-Achdar. Pour prendre de vitesse les Italiens, la Combe force doit couper à travers le terrain difficile au moyen de ses véhicules légers et ralentir la progression des Italiens en attendant l'arrivée du gros des forces britanniques. Msus est atteint le 4 février.
Composition de la Combe force :
-un escadron du 11th Hussars,
-B Squadron 1st King's Dragoon Guards,
-C Battery Royal Horse Artillery (RHA),
-quelques canons antichar du 106th  Regiment RHA
-2nd  Battalion Rifle Brigade .

Le 5 février, la Combe force atteint la route côtière au niveau de Sidi Saleh et entre en contact avec les avant-gardes de la 10a armata. La 4th armoured Brigade arrive en fin d'après-midi en soutien à la Combe force et disloque la colonne italienne composée de personnel non combattant. Les camions citernes italiens sont la cible des blindés du 11th hussars, les flammes illuminant les bersaglieri, cible des tirs.
Dans la nuit du 5 au 6 février, le général Bergonzoli tente une manœuvre de flanc pour attaquer la Combe force. A l'est, les Australien ont investi Bengasi. A 10h30, le 7th Hussars tente de couper la route à un convoi italien escorté de chars M13/40 qui repousse les blindés légers britanniques. Le 1st Royal Tank Regiment est envoyé en soutien mais est retardé par les opérations d'approvisionnement en carburant et par la tempête de sable. A midi, une quarantaine de chars moyens italiens sont été détruits au niveau de Pimple, colline située à l'ouest de Beda Fromm. L'arrivée de l'arrière-garde italienne permet aux blindés du Raggruppamento Babini de reprendre Pimple et permettre le repli vers la Tripolitaine. A 15 heures, le 7th hussars découvre l'arrière-garde de la colonne italienne et l'attaque. Au nord-est, de Beda Fromm, le 3rd hussars affronte le Raggruppamento Babini qui repousse les britanniques. Les blindés italiens traversent de nuit Pimple pour traverser les dunes et attaquer les anglais en train cours de ravitaillement. Durant la nuit, Bengasi tombe aux mains des Australiens qui talonnent toujours la 10 armata en retraite, dans une chaotique colonne de véhicules militaires et civils.
Le 7 février, il ne reste plus qu'une trentaine de blindés italiens. L'artillerie du 106th RHA ouvre le feu sur les M13/40 au lever du soleil, les fantassins de la 2nd  Rifle Brigade après le passage des chars italiens ouvrent le feu sur les soldats italiens. Les M13/40  sont pris à partie par les canons Bofors 37 mm. A la fin de l'engagement, il ne reste plus qu'un seul canon mais il réussi à arrêter les cinq derniers chars italiens qui avaient atteint la tente de commandement.
Privé de soutien blindé, la colonne italienne est encerclée sur trois côtés. Durant l'affrontement, le generale d'armata Giuseppe Tellera, commandant la 10 armata est grièvement blessé à bord d'un M13/40 en tentant de forcer un barrage britannique. Sa mort entrainait la capitulation de la 10a armata.
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Le generale d'armata Tellera, commandant la 10a armata tombe le dernier jour de la bataille de Beda Fromm alors qu'il dirigeait les combats à bord d'un char moyen, M13/40. Blessé au poumon, il succombera à ses blessures. Enterré à Bengasi, ses adversaires lui rendront l'honneur des armes.
25000 Italiens sont capturés dont le fameux barbe électrique, le général Bergonzoli. O'Connor envoie un message à Wavell : « Fox killed at open », le renard est tué à ciel ouvert. La victoire est totale !

Graziani, gouverneur de la Tripolitaine et commandant-en-chef des troupes italiennes, en pleine crise de nerf, demande à être relevé de son commandement. Il est remplacé par le général Italo Gariboldi le 11 février.Graziani sera sous le coup d'un commission d'enquête. Il avait été précédé dans sa disgrâce par son ennemi intime, Pietro Badoglio à la tête du Comando Supremo. La 10a armata avait cessé d'exister et 130000 hommes partent en captivité.
Le 9 février, Churchill ordonne l'arrêt de la progression en Cyrénaïque à El-Agheila alors que le 11, les premiers éléments de l'Afrika Korps du Generalleutnant  Erwin Rommel débarquent à Tripoli. L'envoi de renforts italiens , la 132a divisione corrazzata ''Ariete'' et la 102 div. mot.'' Trento'' bien équipées et mieux encadrées va permettre de redresser la situation.
Dès le 31 mars, l'operation Sonnenblume débute avec la reconquête d'El-Agheila.

Merci pour le récit Alex, j'aime beaucoup.
En fait je découvre que les armées Italiennes se sont plutôt bien battu malgré un équipement obsolète.
J'avais une idée préconçu sur leur combativité...

Gustite a écrit:

Merci pour le récit Alex, j'aime beaucoup.
En fait je découvre que les armées Italiennes se sont plutôt bien battu malgré un équipement obsolète.
J'avais une idée préconçu sur leur combativité...

Salut,

J'écris sous le contrôle d'Alex qui me corrigera au besoin.

Leur matériel obsolète et l'encadrement souvent moyen ne les a pas aidé.

Il y avait des troupes d'élite comme les paras de la 1ère division parachutiste qui fut utilisée à contre-emploi comme troupe terrestre en Afrique du Nord et qui combattit presque jusqu'au dernier homme (moins de 500 survivants sur 50 000 hommes) sans parler des premiers nageurs de combat,  de la fameuse Decima Mas.
Par contre, malgré une combativité souvent correcte, il ne faut pas oublier que bien que force de l'Axe, bien que sous le joug d'une dictature, les soldats italiens n'étaient pas, et loin s'en faut, endoctrinés et fanatiques comme l'étaient leurs alliés nazis et nippons. Fort heureusement d'ailleurs car la répression antisémite (avant que les Allemands ne prennent ''les choses en main'') par exemple n'avait aucune commune mesure avec ce qui se passait chez l'allié nazi.
C'est sans doute ce qui a fait qu'à la première vraie occasion ils ont lâchés le Duce et ce qui leur vaut la réputation d'avoir retourné leur veste.

Merci du complément GS

J’ai un peu expliqué dans mon livre comment les propres fascistes et notamment Dino Grandi, que l’on peut considérer comme le numéro 2 du parti ont reproché à Mussolini que la dictature a dénaturé l’esprit révolutionnaire du départ, alors que le fascisme se considérerait comme un antiparti, antidémocratique. D'ailleurs, ils ne voulaient pas siéger à Rome.
Beaucoup de fascistes étaient anglophiles, Grandi était apprécié à Londres et il a tout fait pour empêcher l’alliance avec l’Allemagne. Ciano, le gendre, était détesté par Ribbentrop. Je joins un extrait de sa prise de parole lors du Grand Conseil du fascisme le 24 juillet que j’ai repris dans mon livre

L’heure est venue de régler les comptes. Ciano va parler d’une voix calme, sans notes, se fiant à son excellente mémoire. Plutôt que d’attaquer le Duce de manière frontale, le gendre de celui-ci s’en prend à l’allié allemand, commençant son intervention par les dernières paroles prononcée par Mussolini : « Pacta sunt servanda. L’inobservation de cette maxime n’est pas à inscrire jusqu’ici à notre passif mais à celui de Hitler. »
Précis et ordonné, Ciano revient sur l’histoire de l’alliance italo-allemande, dénonçant la duplicité de Führer : « Il faut éclaircir une bonne fois pour toutes l’histoire de cette alliance. L’Allemagne nous a prié à deux reprises de signer un pacte. En 1938, lorsque Hitler avait assisté à la revue navale de Naples, et Mussolini éluda la demande. Puis, en 1939. Nous avons alors adhéré au « Pacte d’acier » dans l’espoir de calmer les ambitions belliqueuses des Allemands. Sa signature engageait Hitler à ne pas faire naître de problèmes qui pourraient provoquer une guerre, alors que l’état-major allemand avait déjà fixé la date de l’invasion de la Pologne. Le 7 mai 1939, à Milan, Ribbentrop nous a assuré que l’Allemagne ne prendrait jamais une décision pouvant conduire à la guerre sans d’abord nous consulter. Mais elle nous a toujours laissé dans l’ombre. L’Allemagne s’est montrée déloyale envers l’Italie depuis la déclaration de guerre jusqu'à aujourd’hui. L’Allemagne a déclaré la guerre malgré les assurances données par Hitler à Mussolini. »
À voix basse, le Duce acquiesce : « C’est vrai, tout à fait vrai. »
Le ton de Ciano se fait plus dur : « Vous, Duce, n’avez jamais rien caché à notre allié. Vous avez été loyal. À Salzbourg, et je ne révèle aucun secret diplomatique, j’ai apporté votre lettre au Führer faisant le point exact sur la situation de notre appareil militaire qui, après les guerres d’Éthiopie et d’Espagne, nécessitait une réorganisation, un renforcement et, surtout, une modernisation, notamment de l'artillerie et des blindés. Vous et vos conseillers militaires aviez préconisé comme date minimum [d'entrée en guerre] 1943. les Allemands n’en ont absolument pas tenu compte. Ils ont mis le feu à la poudrière de l'Europe selon leur plan, sans se préoccuper des conditions dans lesquelles leur allié allait se trouver engagé dans le conflit. Cette attitude méprisante, les Allemands n'en n'ont pas changé jusqu’à aujourd'hui. La nuit durant laquelle Hitler a attaqué la France et la Belgique, à 4 heures du matin, j’étais en compagnie de Mackensen, qui ne m’a informé des événements qu'avec plusieurs heures de retard. Puis, à propos de la Russie, il s’est bien gardé d’informer le Duce, qui n'a eu connaissance de l'offensive qu'une fois les opérations commencées. Comme un domestique. »
Ciano conclut : « L’Italie n’a aucun motif de se sentir liée à l’Allemagne. Celle-ci a toujours trahi. Nous et seulement nous, sommes restés fidèles aux pactes en nous engageant dans une guerre non voulue et pour laquelle nous n’étions pas préparés. L’Italie peut reprendre à tout moment sa liberté d’action, sans avoir à craindre un jugement négatif de l’histoire, car nous ne serons jamais des traîtres. C’est nous qui avons été trahis. »
Ciano se rassoit. Il ne le sait évidemment pas, mais il vient de signer son arrêt de mort. Son ralliement à Grandi, il le paiera au prix fort, au procès de Vérone, en janvier 1944, à l’issue duquel il sera exécuté. les Allemands n’oublieront pas et Mussolini non plus, trahi par son propre gendre, qui vient d’exposer au grand jour le traitement humiliant imposé par Hitler à son allié.
Sans un mot pour Ciano, Mussolini demande à Scorza : « À qui le tour maintenant ?
– Farinacci. »

Une autre partie intéressante est le ’’J’accuse’’ de Grandi

« Mussolini, chef du gouvernement et ministre des armées, a eu dix-sept années pour créer, former, préparer, sélectionner les cadres, les troupes, les matériels… Mussolini dénonce aujourd’hui les graves déficiences de notre organisation militaire. Il ne serait pas juste de s’attribuer les succès et de rejeter les échecs sur les autres. La guerre n’a pas éclaté à l’improviste, cueillant l’Italie par surprise. Le conflit était prévu depuis des années et Mussolini lui-même en avait prédit l’année, affirmant que l’Italie ne pouvait pas y participer en tant que belligérant. Désorganisation des cadres, insuffisance de la préparation des moyens matériels nécessaires, déficience dans la direction stratégique et tactique. À cela, s’ajoute une série d’erreurs élémentaires dans la conduite politique et morale de la guerre, erreurs de nature politique, incompréhensibles et aggravant la responsabilité fasciste. Nous avons entendu le Duce déclarer qu’aucune guerre n’est populaire, cela est faux. L’histoire de l’Italie démontre le contraire… Le peuple italien n’a pas cru et ne croit pas en cette guerre que la propagande a qualifiée de fasciste, de guerre de Mussolini. C’est une impardonnable erreur… Les mères sont intimement persuadées que leurs fils ne sont pas tombés pour la Patrie mais sacrifiés pour la volonté de Mussolini…

Voilà,  cela devrait répondre un peu à vos interrogations concernant les rapports entre alliés de l’Axe. Je livre un dernier extrait du livre, un peu croustillant concernant Ciano.

Vaniteux et capricieux, le gendre du Duce est un habitué des salons de l’aristocratie romaine, notamment celui de la princesse Isabelle Colonna où, adulé, il aime briller par son imitation caricaturale de Mussolini qu’il appelle « testone » (grosse caboche). On le retrouve également au golf-club de l’Acquasanta. Au bord de la piscine, un verre de martini ou de champagne à la main, dans la salle de restaurant ou autour de quelque table de poker. Une dolce vita, sans tickets de rationnement, à mille lieux des souffrances de la guerre et des privations imposées à la population.
Mussolini sait tout cela et il laisse faire. les Allemands, eux aussi, connaissent la personnalité de Ciano, qui fut un client assidu du « salon Kitty », maison de tolérance berlinoise de grand luxe, dirigée avec compétence par la nommée Kitty Schmidt et truffée de micros à l’initiative de Reinhard Heydrich, le chef de l’appareil de sécurité nazi. Ciano n’était d’ailleurs pas dupe, confiant un jour à un Allemand : « Heydrich est vraiment bête s’il croit que j’ignore la présence de ses hommes dans la pièce d’à côté. Il ne devrait pas cacher son microphone juste sous l’oreiller. » Le comte a toutefois bien tort de prendre la chose à la légère, car Himmler a fait parvenir à Hitler un mémoire relatant les indiscrétions commises par Ciano. Document remis à Mussolini par son homologue allemand lors de la conférence entre les deux dictateurs des 19 et 20 janvier 1941. Suite à cela, Mussolini a dû éloigner son gendre de Rome, l’envoyant à Bari pour prendre la tête d’une escadrille de bombardement engagée dans les opérations contre la Grèce. Le lieutenant-colonel Ciano n’a passé que trois mois dans la capitale des Pouilles, mais il n’a pas oublié et il en a gardé une indéniable rancœur à l’égard de son beau père.

Merci pour cet éclaircissement Alex, très instructif