Ceux qui s’attendent à un mp 40 piqué à une sentinelle, à une rune arrachée au col du gardien de camp, voire à la petite culotte de ‘’l’infirmière’’ qui cohabitait toujours avec le responsable SD du camps (eh oui, faut bien tromper l’ennui) vont y être pour leur argent !
Rien de bien excitant pour les adeptes de la pièce d’exception dans cette luge ramenée de captivité par mon beau-père P.R.O.
C’est juste un objet ramené par un gamin, un jeune Messin de 17 ans de son lieu de captivité…
Il a été interné suite à la fuite de son frère qui a refusé son incorporation dans le R.A.D.
Plus exactement, âgé de 14 ans, il se rendit à Moyeuvre car un passeur devait lui permettre, à lui et à un ami, d’aller en zone libre.
Malheureusement, arrivés sur place, une femme affolée leur a dit de se sauver, le passeur venant d’être arrêté.
De retour à la maison (Chemin sous Les Vignes à Metz Devant les Ponts), il décida avec son jeune frère d’aller rejoindre ses parents qui venaient d’être raflés suite à la fuite de son frère qui ne voulait pas être versé dans le RAD et à la dénonciation d'une voisine...
Ils se sont donc jetés dans la gueule du loup et se sont ainsi retrouvés en captivité (lui a d’ailleurs fait ses 6 mois dans le RAD) en allant rendre visite sur place à leurs parents.
Lors de sa captivité, il fut enfermé dans divers camps, les uns plus improvisés que les autres (guinguette, hôtel etc.)
Il fut entre autre employé dans une usine à Erfurt, usine qui enrichissait et réduisait le minerai de fer pour l’usine mère dans la région de Berlin.
Plutôt brillant pour son âge, on le confia au bureau d’étude de l’usine. L’une de ses tâches fut de mettre sur plan des ateliers construits en hâte.
Lorsqu’un ‘’jeune chleuh en culottes courtes’’ selon ses dire (un HJ probablement) alla se plaindre que l’on ne confiait pas des plans sensibles à un ‘’cochon de Français’’ on lui assigna comme tâche l’entretien des chaudières.
A l’occasion de ses postes de nuit, il construisit deux luges, une très grande, et celle-ci qui ramena lorsqu’il fut libérer le 2 avril 1945 ; ses libérateurs étaient des Belges qui se sont montrés redoutables avec les Allemands. Dès qu’ils repéraient un cadre allemand en bonne forme caché dans la foule d’individus faméliques, ils le plaçaient assis sur le capot d’une jeep, les bras écartés, et se lançaient à tombeau ouvert sur les routes défoncées. Cela ne tire pas une larme à mon beau-père…
Eh oui, à quoi rêvait un gamin de 17 ans en avril 1945 ? En tout cas, il n’avait rien d’autre à ramener comme bagage dans ce périple en GMC le ramenant à la maison…
Nettoyée, traitée contre les bébêtes, repeinte, revernie, voici la luge telle que nous allons la fixer au mur du balcon de notre (tout petit et modeste) pied-à-terre en Savoie.