Bonjour,
voici un beau petit sabre du Maghreb à lame de traite comme elles étaient fabriquées en Europe puis vendues nues aux colonies.
Charge ensuite à l'acheteur de la terminer avec la monture de son choix, type étranger ou local.
Ici c'est une belle monture à la française, une sorte d'imitation de ce qui se faisait dans les années 1820/1840.
Le moulage est relativement grossier, mais ça a de l'allure tout de même!
On peut imaginer que ce fut le sabre d'un cavalier ou d'un chef local séduit par les armes françaises des colons de l'époque.
Etant donné le jeu énorme que l'ensemble avait, que la fusée de corne avait été rapatassée à la résine, et que l'ensemble avait été remonté vite fait avec un très vilain bouton de rivure "pour que ça puisse encore servir un peu", j'imagine qu'ensuite ce sabre a été longtemps utilisé lors de fantasias en compagnie de moukhalas
Voici d'abord l'allure qu'il avait lors de son achat:
Remise en état du passage de lame dans la monture:
Je découpe un petit morceau de laiton de même épaisseur.
Dans cette petite pièce de laiton, je perce deux trous d'un diamètre légèrement inférieur à la largeur de la soie, et bien entendu avec le bon espacement:
J'agrandis le trou difforme de la monture pour obtenir un beau rectangle régulier.
A l'aide de petites limes carrées et plates, je façonne un rectangle dans la rustine dans lequel viendra la soie:
J'insère la rustine dans le rectangle de la monture, je brase le tout à l'étain, je brosse et voilà:
Il faut que la rustine entre légèrement en force depuis le côté fusée, mais que l'étain ait tout de même de la place pour entrer de l'autre côté par capillarité.
La solution est de limer la rustine légèrement de biais, tout comme le trou.
Ainsi côté fusée ça forcera, mais côté lame il y aura un bon demi-millimètre pour que l'étain y pénètre.
J'aurais pu braser ça au chalumeau et au métal d'apport, ça aurait été plus solide mais j'avais pas envie de l'allumer pour si peu :(mrgreen):
De toutes façons c'est pas fait pour servir, et la lame appuie uniquement sur la partie saine de la garde.
Voici l'allure finale:
J'ai choisi de refaire la fusée à la mode française.
La fusée d'origine en corne a été conservée.
Traçage de la spirale au marqueur, marquage en creux à la Dremel et disque de coupe, puis creusage des spires à la meuleuse à main de 125 mm.
Le tout est recouvert de basane, puis d'un filigrane laiton de type troupe.
La monture laiton est décrassée et légèrement polie, tout comme la lame qui conserve une belle patine.
Le tout est ensuite remonté et rivé, en ayant soin d'insérer une cravate de buffle.
Le tout est à peu près tel qu'à sa sortie de chez l'artisan qui a fait ce travail dans les années 1820/1860 je suppose.
Le poinçon 6 qu'on voit sur la lame (mal frappé car c'est de l'acier, le poinçon a rebondi!) et sur le bouton de la garde est celui de cet artisan.
Voilà un beau petit sabre, pas prestigieux mais témoin de la colonisation de l'Afrique du nord puis des traditions locales
Cordialement,
CG