La liste des camps d'internement en AFN est trop longue pour les citer tous. Denis Peschanski, La France des camps, en répertorie plus d'une centaine dans tout le Maghreb.
Déjà en 1939 s'ouvrent les premiers camps pour "accueillir" notamment les notables communistes dont le père de Guy Môquet. A la suite du pacte germano-soviétique et l'interdiction du Parti communiste, leurs membres seront traqués, arrêtés et internés en Algérie.
Après la débâcle de juin 1940, le régime de Vichy à peine installé donne la pleine mesure de ses talents répressifs. Etrangers "indésirables", républicains espagnols, apatrides comme les Juifs allemands fuyant le nazisme et croyant avoir trouver refuge en France ou Juifs français dénaturalisés, Francs-maçons, "dissidents" gaullistes,... bref tous ceux que ne chantaient pas assez haut et fort "Maréchal nous voilà" seront internés en AFN.
En Algérie, l'abrogation du décret Crémieux qui accordait la nationalité française aux Juifs d'Algérie et le statut des Juifs appliqué avec plus de rigueur en AFN qu'en France par Weygand, délégué général du gouvernement français en Afrique du Nord, accentuent la répression contre les Juifs.
Attardons-nous quelques instants sur une ignominie du régime : le camp de Bedeau où seront internés les soldats français d'origine juive.
En 1941, le général Huntziger signale dans un courrier adressé à Weygand que "les rapports sur l'état d'esprit des troupes de l'Afrique du Nord font ressortir que les juifs demeurés dans les unités ont une influence néfaste et que, par leur manque de sens national, ils nuisent au bon moral dans ces unités". Une circulaire du général Picquendar précise que " les militaires juifs algériens récemment déchus de la nationalité française seront groupés en une unité de travailleurs jusqu'à la libération de la classe à laquelle ils sont attachés. Concrètement, ils seront pour la plupart internés au camp de Bedeau et affectés à de pénibles et souvent mortelles corvées, sous les brimades, dans des conditions d'hygiène épouvantable, etc.... On les appelait les "corbeaux". Les autorités vichystes n'avaient rien trouvé de mieux que de troquer leurs uniformes militaires contre une tenue noire.
Cordialement,
Francis.