Les mercenaires au Congo et au Katanga

J'ouvre un fil concernant la présence de mercenaires au Congo avec la sécession du Katanga et la révolte des Simba.
Un petit rappel des faits :
-en juin 1960, le roi Baudouin 1er proclame l'indépendance du Congo. Cette annonce fracassante n'arrange pas les milieux financiers et industriels qui ont d'énormes intérêts dans les mines de diamants ou d'uranium entre autres.
Le Congo s'enfonce dans l'anarchie alors que Patricke Lumumba prend les rênes du pouvoir en proclamant l'indépendance. La Force Publique, débarrassée de ses cadres blancs devient incontrôlable. La chasse aux blancs est ouverte.

Au Katanga, la province la plus riche, Moïse Tshombé déclare la sécession du Katanga le 11 août 1960. Il est soutenu par l'Union minière du Haut Katanga (UMHK)qui a tout intérêt a en faire son homme-lige.
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Le général Mobutu
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Patrice Lumumba

Deux bataillons du bataillon du régiment Para-commando belges (lieutenant-colonel BEM Van der Heyden) arrivent à Léopoldville pour mettre fin au désordre.
Lumumba proche de l'URSS demande de l'aide aux soviétiques qui envoient des "conseillers techniques", puis ne sachant plus vers qui se tourner demande à l'ONU d'intervenir. Son premier secrétaire, Dag Hammarskjöld envoie les premiers Casques bleus sous le commandement du Lt Général suédois Carl Von Horn. Les soldats belges commencent leur rapatriement. Lumumba demeure le problème numéro 1, il devient gênant et pour sortir de l'impasse, Mobutu Sese Seko fomente un coup d'état le 14 septembre et emprisonne Lumumba, torturé par ses geôliers et envoyé au Katanga. Il est assassiné dans des circonstances assez floues, Tshombé aurait appuyé sur la détente mais ce n'est qu'une hypothèse.



Tshombé se prépare à affronter l'ANC, l'armée nationale du Congo (ex Force Publique). Il s'est entouré d'une troupe qui lui est entièrement acquise, la Gendarmerie Katangaise. C'est une excellente unité de combat, bien encadrée. Il se méfie des cadres belges qu'il renvoie et s'entoure de mercenaires qui ont écrit les pages les plus glorieuses de la Légion ou les paras coloniaux comme le colonel Roger TRINQUIER.

TRINQUIER est un ancien des commandos Ponchardier et a servi au sein du 2e BCCP bataillon colonial de commandos parachutistes).. Il a participé en Corée à l'opération Ratkiller, une action de contre-guérilla pour réduire les guérilleros communistes. Il participe à la Bataille d'Alger comme adjoint de Massu à la 10e DP.

Il y a aussi d'autres hommes célèbres ou qui vont le devenir, Bob Denard, Yves de la Bourdonnaye ou Roger Faulques.


Pour mettre fin à la sécession du Katanga, Dag Hammarskjöld envoie des Casques bleus Indien,Ethiopiens et Irlandais (voir Jadotville dans le même forum) en août 1961. Ils s'emparent des bâtiments officiels d'Elizabethville, les ponts. Tshombé capitule, il renvoie 300 mercenaires, en fait les Belges qu'il ne désirait pas garder. Les autres, les Français se cachent dans la jungle.

Le 13 septembre 1961, les Casques bleus décident d'investir en totalité Elizabethville, les casernes et les bâtiments officiels. Une surprise les attend, la gendarmerie katangaise et les mercenaires ouvrent le feu. Divisés en sections très mobiles, les gendarmes semblent être partout à la fois. Un Fouga Magister sème la panique dans les Casques bleus. C'est l'épisode de Jadotville où une compagnie irlandaise tient tête aux hommes de Roger FAULQUES.


Pour les soldats de l'ONU, la situation risque de dégénérer et le premier secrétaire Dag Hammarskjöld décide de rencontrer Tshombé en terrain neutre. L'entreveu est prévue à N'Dola en Rhodésie. Son avion, un DC 6 s'écrase dans la brousse. Il ne s'agit pas d'un accident. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


En décembre 1961,U Thant, le successeur de Hammarskjöld veut en finir avec Tshombé. Il met le paquet, Faulques et ses hommes se cachent dans la brousse, Denard décide de combattre jusqu'à la dernière cartouche. Les réserves manquent, les munitions s'épuisent comme les mercenaires qui commencent à retourner chez eux.

LE COLONEL JEAN SCHRAMME ET LE BATAILLON LÉOPARD
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Jean "Black Jack" Schramme commandant du 10 Commando au Congo, vers 1967. Sur cette photo, on peut le voir portant l'insigne de béret du 2e bataillon de commando belge, bien qu'il n'ait jamais servi dans l'unité et des diapositives de grade congolais identifiant son grade de lieutenant Colonel.

Voici la biographie résumée à partir de son livre BATAILLON LÉOPARD.

Je résume au fur et à mesure. 

Jean Schramme est né en 1929 à Bruges où son père est avocat. 

A 18 ans, il découvre le Congo belge où il s’installe dans une plantation.

Il fait son service militaire dans la Force Publique  et se porte volontaire pour les paras Commando et rejoint le 1er commando, appelé CoDo. Il effectue ses 9 sauts pour être breveté para.

Le 30 juin,  le Congo devient indépendant et sombre immédiatement dans le chaos. Les blancs sont lynché, les femmes violées. La Force Publique devient l’Armée Nationale Congolaise, les officiers blancs sont destitué et le pays sombre dans l’anarchie avec la prise du pouvoir de Patrick Lumumba.

Le 10 juillet,  les Codos interviennent pour mettre la population blanche à l’abri.

Schramme est arrêté à plusieurs reprises et évite le peloton d’exécution. Il doit quitter sa plantation et arrive au Katanga où le président Tschombé a fait sécession avec le Congo. Nous sommes en janvier 1961.


Entre temps, exaspéré par les exactions de Lumumba qui demande l’aide à l’ URSS, il est arrêté par un certain sergent de la Force Publique, proclamé président, le célèbre Mobutu. Lumimba est mis dans un avion pour le Katanga. Lumumba, battu, succombe à ses blessures dans l’aéroport d’ Elizabethville.
Schramme s'engage dans la Gendarmerie katangaise, l’armée de Tschombé où il rencontre le colonel Trinquier, spécialiste en Algérie de la guerre subversive et le colonel Roger Faulques, ancien du 1er BEP, blessé sur la Rc 4 Indochine et chef de bataillon au 1er Régiment Étranger Parachutiste en Algérie.
Schramme devient instructeur. Il participe à une opération de reconnaissance et avec une poignée d’hommes reprend un poste de l’ANC et met en fuite un bataillon qui l’occupait. Il fait main basse dur un important arsenal abandonné par les soldats de Mobutu.
Après la mort de Dag Hammarskjöld, secrétaire général de l’ ONU, le 17 septembre 1961 dans un accident d’avion, les forces de l’ ONU tentent de s’emparer d’ Elizabethville, la capitale du Katanga.
Après une attaque de chasseurs bombardiers le 9 décembre 1961, les Casques Bleus de l’ ONU tombent dans une embuscade tendue par Schramme.
Il va former une petite unité avec des guerriers Maluba, le Bataillon Léopard.

Durant l’année 1962 Schramme et son bataillon Léopard qui dispose d'une certaine liberté d’action mène des actions de harcèlement contre les Casques Bleus présents au Katanga et les troupes del’Armée Nationale Congolaise de Mobutu. 




A chaque combat,  les léopards font main basse sur une quantité d’armes importantes font des mortiers abandonnés intacts. 

Schramme est félicité par Tschombé car il est devenu très apprécié et les soldats de l’ONU et l’ ANC craignent le bataillon Léopard au point que la tête de Schramme est mise à prix. 
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Insigne de manche du bataillon Léopard,  Kansimba étant la ville garnison de l’unité 
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Quant au colonel Faulques,  il a quitté le Katanga pour le Yémen  rejoint par Denard.

Il fait également la connaissance du capitaine Michel de Clary aide de camp de Tschombé qui l’informe qu’il est nommé pour commander les gendarmes katangais.

Le Katanga est finalement occupé par les Casques Bleus et Tschombé à perdu la partie.

Le 25 janvier 1963, Schramme et son bataillon Léopard franchit la frontière et entre en Angola. L’exil ne va durer qu'un an.
En juin 1964, face au désordre qui règne dans le pays et la révolte des Simba, Tschombé est appelé de Madrid où il vit en exil pour être promu premier ministre. 

Les troupes de Mobutu sont incapables de faire régner l’ordre et une brigade étrangère est mise sur pied,  la 5e Brigade. Des volontaires étrangers affluent dont les plus connus,  Mike Hoare, (5e CoDo ), sud africain recruté par le colonel Puren le major Müller qui arboré sa Croix de Fer. Schramme et ses Léopards reviennent au Katanga et forment le 10e CoDo.
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Major Siegfried Müller en haut, il arbore sa Croix de Fer

Mike ’’mad’’ Hoare, en bas.



A suivre...

Pour mettre fin aux pillages et massacres des Simbas et sauver des civils pris en otages, la Belgique envoie des parachutistes à bord d’avions américains pour sauter sur Stanleyville, le 24 novembre1964.
C'estl’opérationDragon rouge. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
 Au sol, ils sont rejoints par les mercenaires du 5e CoDo du major ’’Kongo’’  Müller mais ne peuvent empêcher le meurtre de 26 otages dont un pasteur américain.
Il reste à pacifier le reste de la région
Le 10e CoDo de Schramme participe à de nombreuses embuscades tendues aux Simbas.

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Durant l’année 1965, le 10e CoDo parvient à pacifier la région de Manemia, traquant les Simbas et restaurant la confiance chez les populations locales qui avaient souffert des exactions.  Schramme s’emploie à restaurer les ponts, les villages et dispose d’une flottille et d’un imposant parc automobile.

Le 13 octobre 1965, le président Kasavubu renvoie Moise Tschombé et choisit un nouveau premier ministre,  Evariste Kimba. A nouveau,  le désordre politique s’installe au Congo et certaines régions menacent de faire sécession comme en 1960 et de se ranger du côté de Tschombé.
Le 25 novembre,  Mobutu destitue Kasavubu, se proclamé président du Congo et nomme le général Mulamba premier ministre.


Bob Denard avec lequel Schramme entretient depuis la sécession katangaise de mauvais rapports est rappelé par Mobutu qui le nomme lieutenant-colonel.

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Mobutu et Denard

Les troubles reprennent au Katanga suite à la prise de pouvoir de Mobutu. Le colonel Tschipola est en conflit avec Mobutu qui veut désarmer les Katangais et lors de heurts violents entre l’ANC et 11e CoDo,  le colonel Tshatshi, qui hait les Katangais est tué., le 24  juillet 1966. Cependant,  les mercenaires blancs sont sous la menace de l’ ANC  Bob Denard se range sdu côté de Mobutu et reprend Stanleyville aux Katangais. Les hommes de Tschipola trouvent refuge auprès de Schramme qui demande à Denard de stopper les combats contre les Katangais. Schramme rencontre Denard,  l’entretien est court, le Belge exigé l’arrêt des brimades contre les hommes de Tschipola. 

Malgré les promesses d’amnistie,  les Katangais démobilisé et Tschipola sont assassinés par l’ANC. Mobutu se conduisait comme un homme de peu de parole et un assassin.

Malgré leurs profonds antagonismes, Denard se rend auprès de Schramme pour l’informer de ce que trame Mobutu,  le désarmement du bataillon Léopard et l’élimination des mercenaires blancs. Denard propose de se ranger du côté de Schramme avec sa 6e brigade mixte. Les deux hommes échafaudage un plan d'action pour s'emparer de Stanleyville et en chasser les soldats de l’ANC. La date prévue est le 5 juillet. 

Tschombé en exil en Espagne met au point un plan pour un soulèvement ao Congo avec le colonel belge Van de Walle, le capitaine Souètre et le professeur d’université Clémens, vite éventé. 

Nom de code de l’opération KERILLIS.


Le dimanche 2 juillet 1967, l’avion qui transporté Tschombé de Madrid au Congo est détourné par un français Francis Bodeman et l’avion se pose en Algérie. 


La tête du complot est déjà décapitée. 


Le 5 juillet,  début de l’opération,  à l’est du pays, le 10e Groupement de Commandos (Codo) du colonel Schramme et le 6e du colonel Bob Denart créent des diversion pour fixer un maximum de troupes gouvernementales.


La colonne sud africaine du capitaine Griffon ne franchit pas la frontière anglaise et aucun des DC4 prévus pour mener l’insurrection ne prend les airs. La capitale Kinshasa est calme.



Le 10 juillet,  Schramme s'empare de Stanleyville. L’ANC tente de reprendre la ville mais les hommes de Mobutu sont fauchés par les armes automatiques. La brigade de Denard censée relever le 10e CoDo n'est toujours pas arrivée , Denard encaisse les reproches justifiés de Schramme. Le Français est touché à la tête un peu plus tard ainsi que Schramme à la jambe. Denard est évacué. Pour Schramme,  sans les renforts promis par Denard,  défendre Stanleyville devient impossible. Il est contraint d’évacuer la ville.


Talonnée par l’ANC, la colonne de Schramme tend des embuscades pour retarder son avance et parvient à Bukavu, au bord du lac Kivu où les civils et les militaires blessés peuvent se réfugier au Ruanda le 9 aout 1967. Depuis son départ suite à sa blessure,  Denard donne de ses nouvelles,  il envisage de mener une offensive contre l’ANC dont l’attention est détournée par le siège de Bukavu où s'est retranché Schramme. Il dispose de son 10e CoDo et de la 6e brigade de Denard dont il a épuré les éléments les moins fiables. Il dispose de 120 Européens et un millier de Katangais.

Lâché par Denard, ne recevant plus de ravitaillement,  Schramme voit sa situation se dégrader lorsque l’ANC passe à l’offensive, le 28 octobre. Les Congolais, instruits parles israéliens de Moshe Dayan font preuve de plus de mordant. Les T.28 pilotés par des Cubains mitraillent les points d’appuis situés dans les hauteurs autour de Bukavu qui devient un mini Dien Bien Phu. Petit à petit,  les PA tombent et le front se raccourcit.
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L’offensive finale débute le 3 novembre,  les combats se déroulent dans les rues de Bukavu. Schramme est à court de munitions. 

Dans la nuit du 4 au 5 novembre,  les hommes de Schramme décrochent et franchissent le pont sur la Ruzizi pour entrer au Ruanda. 80 Katangais et 20 européens ont trouvé la mort dans les combats de Bukavu,  les Congolais déplorent 7000 morts.

Schramme passe le dernier. 

Pour le bataillon Léopard,  l’aventure est terminée. 

La fin des mercenaires est racontée dans le livre du grand reporter Michel Honorin.

Il a filmé les derniers moments des mercenaires à Bukavu 

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Sacré récit Alex,
La période de la décolonisation fut affreuse pour les "Blancs" qui avaient décidé de rester.
Par contre pour les mercenaires, ça doit être la plus prolifique en action...
Quad tu vois que plus de 50ans après cette période, le Gongo est toujours en crise... Une situation affreuse pour les habitants qui subissent les dictatures.

Merci, je ne connaissais pas trop bien cette histoire qui est passionnante. Pour compléter, il faudrait que je lise la bio de Denard pour comprendre son attitude au Congo. Il a certainement lâché Schramme car il a reçu des instructions de France, certainement Foccard.

Gustite a écrit:

Sacré récit Alex,
La période de la décolonisation fut affreuse pour les "Blancs" qui avaient décidé de rester.
Par contre pour les mercenaires, ça doit être la plus prolifique en action...
Quad tu vois que plus de 50ans après cette période, le Gongo est toujours en crise... Une situation affreuse pour les habitants qui subissent les dictatures.

Salut,

La colonisation belge du Congo fut extrêmement dure et cruelle et si cela n'excuse rien, ça explique la haine ressentie par les locaux.

Merci. J'ai écris ce message sous forme de notes, je vais essayer de trouver d’autres sujets concernant le Congo.

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La compagnie A du 35th Infantry Battalion irlandais, sous les ordres du commandant P. J. Quinlan envoyée sous mandat de l’ONU à Jadotville avec 155 hommes, va résister durant 5 jours aux 3000 gendarmes katangais commandés par Roger Faulques. A bout de munitions, harcelés par l’unique Fouga Magistère de l'armée de l'air katangaise, ils doivent se rendre. Emprisonnés,  ils sont libérés un mois plus tard. Un baptême du feu pour les Irlandais plus qu’ honorable.  
A leur retour,  ils sont accusés de lâcheté devant l’ennemi pour des raisons diplomatiques. Ils seront réhabilités en 2006.

Les deux protagonistes,  le commandant Roger Faulques,  un baroudeur,  1er BEP et gravement blessé sur rc4 en Indochine
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Le commandant Quinlan, irlandais qui n’à jamais combattu.
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