Bonjour,
au lendemain de la guerre de 1870/71, le Chassepot qui avait "fait merveille" quelques années auparavant et qui était néanmoins bien supérieur aux Dreyse, Podwill et Werder, est critiqué de toutes parts.
On lui reproche surtout sa cartouche combustible en papier qui encrasse terriblement le mécanisme (à un tel point que parfois au bout d'une vingtaine de cartouches il est complètement bloqué), qui supporte mal l'humidité et le transport, mais aussi son système à aiguille qui peut s'avérer dangereux en cas de casse de l'aiguille.
Le Chassepot existait encore à 1 700 000 exemplaires en mars 1874, à peine 8 ans après sa création et 5 ans après la fabrication des milliers d'exemplaires qu'il a dû faire pour remplacer les pertes de la guerre, ce serait une catastrophe économique de le remplacer purement et simplement.
On propose d'abord de rendre étanche la cartouche papier en la trempant dans un mélange de gomme laque, d'alcool et de pétrole.
Elle devient alors dure comme du bois, mais l'encrassement et la casse de l'aiguille subsistent.
Fin 1872 on adopte tout de même la cartouche métallique que les progrès de la technique rendaient faisable, et surtout son adoption par l'Allemagne avec le Mauser 1871! Pas question de rester en retard!
Diverses armes sont alors testées, et en avril 1874 le fusil du capitaine Gras sera adopté.
Il n'est qu'une évolution du Chassepot et ce dernier pourra donc être transformé à moindres frais.
Ce fusil n'est pas une arme "glorieuse" comme l'était le Chassepot et comme le sera le Lebel. Il n'a pas vraiment de guerres à son actif, simplement quelques campagnes africaines et son usage par les Territoriaux jusqu'en 1940.
De ce fait il est un peu délaissé par les collectionneurs malgré qu'il soit assez onéreux d'en avoir un en parfait état, au même numéro, bien bronzé d'origine, pas transformé chasse, pas "customisé" dans la corne de l'Afrique etc...
Le centenaire de 1914 et notre volonté de participer à quelques cérémonies en territoriaux Garde Voies et Communications m'y ont fait s'y intéresser d'un peu plus près.
En voici donc un, pas en état reluisant certes, mais bien matriculé d'un régiment territorial, le 127° de Carcassonne.
Il ne m'en faut pas plus pour sortir en reconstitution:
Il a été fait par Saint Etienne en 1877:
Modifié en 1880 suite à des ruptures d'étui:
Tête de culasse avec tout à droite la rainure de la modification:
Sa baïonnette en acier, bois et laiton lui donne une certaine classe:
Quelques baïonnettes différentes dans leurs marquages.
Fabrication privée par Oudry:
Fabrication par la Manufacture Nationale de Tulle:
Fabrication autrichienne pour la France par l'Usine de Steyr:
Contrairement au Chassepot qui était entièrement poli brillant, le Gras est bronzé "noir de guerre" à l'exception de la plaque de couche et de la culasse qui restent polis et le la hausse qui est teintée marron à la flamme.
Le fourreau de sa baïonnette est également bronzé.
Cordialement,
CG