Bonjour,
de ceux qui ont eu la chance de faire leur service national, chacun ou presque est déjà passé au camp de Châlons, autrement dit à Mourmelon.
L'histoire de ce camp débuterait presque en septembre 1792 quand 12 000 volontaires sont rassemblés vers Châlons pour aller se battre pour la patrie.
En 1840 on y rassembla à nouveau les armées pour faire face à la crise nationale et internationale.
Mais ce n'est qu'en 1856 que Napoléon III prit la décision de bâtir un champ de manoeuvres.
Mourmelon le Grand et Mourmelon le Petit furent choisis pour y être voisins, ce qui provoqua la colère des commerçants de Châlons qui virent partir l'espérance d'un commerce fructueux.
12 000 hectares furent ainsi adaptés pour y faire évoluer 25 000 hommes et 12 000 chevaux.
Les bâtiments en dur furent bâtis à Mourmelon le Grand, peut-être en "récompense" d'un vote en faveur de Napoléon III en 1848...
On creusa 8 puits pour l'eau, mais il fallut bientôt en creuser une centaine!
A la fin de 1848 ce sont 40 bâtiments en bois qui sortent de terre.
L'inauguration eut lieu en 1857, le pavillon de l'empereur fut construit en 1860.
Un hôpital devint nécessaire, mais celui de Châlons ne fut pas tout à fait d'accord!
Il fut néanmoins construit sur 2 étages, mais devint vite une bibliothèque...
Une poudrerie fut construite à 1600 mètres des habitations, heureusement car elle sauta en 1867!
Une voie de chemin de fer relia le camp à Châlons, et fut prolongée jusqu'à Reims en 1863.
En 1861 le bureau de poste reçut l'éclairage au gaz et le télégraphe en 1869.
La fête impériale voyait défiler les habitants de Mourmelon.
Ils étaient 500 avant le camp, puis passèrent à 1750 en 1870.
L'été des marchands ambulants et des manèges agrémentaient le camp.
Les visiteurs pouvaient passer la nuit au camp pour la somme de 15 frs.
Il y eut un théâtre, des bals, des cafés chantants, des feux d'artifice, des envols de ballons, des retraites aux flambeaux, des chasses au faucon...
Des grandes manoeuvres y eurent lieu dans les années 1860, toujours un peu dans cette ambiance de fête.
En 1870 Mac Mahon ne réussit pas à reconstituer une armée dans ce camp dévasté par les gardes nationaux de la Seine qui saccageaient tout et insultaient les officiers.
On dût reconstruire des bâtiments après guerre pour y loger l'occupant prussien!
Le 37° de ligne y revint en 1872, mais ce n'est qu'en 1880 que reviendra une vie normale de garnison.
Maintenant on peut se demander si cette vie de fête foraine permanente n'a pas favorisé un relâchement de la discipline, et n'aurait pas été plus néfaste que bénéfique à l'armée?
Ce camp n'a jamais eu de baraquement disciplinaire, jamais eu de poste de police, jamais eu de prison, alors que chaque caserne avait tout ça.
On peut aussi se demander comment les militaires étrangers en visite ont trouvé cette ambiance bon enfant, et comment l'espionnage n'a pas été favorisé?
Questions hélas sans réponses...
cf A. Croquenot, bulletin d'Unif Europ 19 n°77.
Cordialement,
CG